Pourquoi un documentaire sur le Holodomor ?

Publié le par Janette LE MOGNE

07042010004Le 7 avril 2010, Bénédicte BANET réalisatrice et moi-même,Janette LE MOGNE son assistante, arrivons à l'aéroport de Roissy avec ...200kg de bagages. Destination Kiev où nous partons tourner un documentaire sur l'Holodomor.

 

" Holodomor ", est un film documentaire sur la tragique famine de 1932-1933 en Ukraine. Artificiellement orchestrée par Staline elle est aujourd’hui considérée comme un génocide.

"Le Holodomor" ou "extermination par la faim" est un terme dérivé de deux mots ukrainiens "Holod" : faim, famine et "matryty" : faire souffrir, tuer.
En 1932, la collectivisation est presque entièrement achevée. Cette famine n’est pas la conséquence de conditions climatiques défavorables, la récolte de 1932 est au contraire exceptionnelle et elle aurait pu permettre de nourrir la population de
L’Ukraine pendant deux ans. L’Holodomor a exterminé entre 20 et 25% de la population; durant l'hiver et le printemps 1932-33, 25 000 personnes mouraient chaque jour soit 17 personnes chaque minute.

L’objectif était d’éradiquer le nationalisme ukrainien, d’abord en exterminant les élites nationales et leur base sociale, puis en formatant les paysans survivants en ouvriers obéissants, destinés à travailler dans les fermes collectives.
On a d’abord détruit l’intelligentsia et l’église, ensuite les paysans. Enfin on a détruit
l’encadrement communiste ukrainien, en éliminant les acteurs-témoins de ce crime au cours de procès mis en scène, annonciateurs de ceux des purges de 1936 à1938.
Le génocide par la famine a été volontairement dirigé dès l’origine contre la paysannerie. Les fermiers ukrainiens étaient les gardiens de traditions séculaires, d’une agriculture libre et de valeurs nationales qui contredisaient l’idéologie communiste.
L’Holodomor aurait tué environ 7 millions d’ukrainiens et a laissé un pays exsangue. L’Ukraine a été alors repeuplée par des russes dont les descendants vivent toujours sur le sol ukrainien.
La connaissance de l’Holodomor est indispensable à la compréhension de l’Ukraine d’aujourd’hui et pour décrypter l’Holodomor il faut resituer cette tragédie dans son contexte historique.
De 1917 à 1953, l’Ukraine perd près de vingt millions d'habitants à cause des guerres (environ 8 millions pendant la seconde guerre mondiale) et des famines artificielles (4 entre 1921 et 1933, et une cinquième en 1947), période où elle a connu un véritable paroxysme de déchaînement des violences totalitaires.

La société ukrainienne d’aujourd’hui en porte encore les stigmates et les fractures.


C'est notre projet, bien ambitieux, de faire connaître ces évènements aux français d'abord, aux européens ou d'autres nations ensuite.

Donc, le 7 avril 2010, nous partons pour l'Ukraine pour un premier tournage. Nous prévoyons d'interviewer à Kiev des personnalités politiques et intellectuelles, puis de nous rendre à Sobolivka, petit village au sud-ouest de Kiev, à environ 300km. 

Pourquoi Sobolivka ? Parce que ce petit village a vu naître Vitaliy Naumiak, miraculeusement rescapé de ce génocide, vivant depuis l'après-guerre en Bretagne. Vitaliy a accepté de nous accompagner dans son village, pour nous raconter son enfance et cette terrible période des années 30. Il y rencontrera d'autres survivants. Ses enfants, Anne-Marie et Philippe nous aident dans cette aventure. Anne-Marie est déjà sur place, Philippe nous rejoindra le 11 avec son père. Sans leur aide, et celle de Lisa Centkiewitz qui nous rejoindra la dernière semaine, notre méconnaissance de la langue ukrainienne aurait rendu impossible un tel projet.

Sans l'aide et le soutien des ukrainiens qui nous accueillirent rien n'aurait été possible non plus car nous ne bénéficions d'aucun financement pour réaliser ce film.

 

Publié dans les repérages

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S
<br /> Rebonjour Janette. Depuis l'après-guerre, mon père ne vivait pas en Bretagne mais en région parisienne. De 1961 à 1962 il a même vécu à Chicago, où est né Philippe. Ce n'est qu'à la mort de notre<br /> mère en 2003 qu'il s'est installé en Bretagne, non pas par choix de région mais pour que Philippe s'occupe de lui.<br /> <br /> <br />
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